LE GRAND PRIX QUI CHANGE TOUT
Par Xavier COLOMBANI
Michael Schumacher prend son élan pour s'en aller. Vainqueur de son 90e Grand Prix, l'Allemand profite de l'abandon de Fernando Alonso pour revenir à deux points de l'Espagnol. Il se retirera en fin de saison et sera remplacé par Kimi Räikkönen, deuxième à Monza.
Le huitième titre dans le viseur
Tout a véritablement commencé mercredi par l'entremise d'Heikki Kovalainen. La titularisation du jeune Finlandais chez Renault en 2007, au côté de Giancarlo Fisichella, fermait la porte à Kimi Räikkönen. Poussé hors de McLaren-Mercedes par l'arrivée de Fernando Alonso, «Räikkö» ne pouvait plus atterrir que chez Ferrari, où il avait, parait-il, signé un pré-contrat avant l'été. Et par conséquent, Michael Schumacher allait se retirer, comme cela était sous-entendu avant même le début de la saison. Tout cela ne faisait plus aucun doute dans le paddock de Monza et le seul suspense résidait dans l'heure à laquelle «Schumi» annoncerait son départ ce dimanche. La Formule 1 a donc fait sa révolution à 15h30, cinq minutes après que le septuple champion du monde a passé la ligne d'arrivée en vainqueur, établissant un record à Monza avec cinq succès, un de plus que Nelson Piquet.
Mais le plus fascinant a finalement eu lieu entre les deux. Pendant cinq minutes, au sortir de sa monoplace, Michael Schumacher est passé de bras en bras avec un visage de premier communiant, étreignant ses ingénieurs, sa femme Corina, rarement présente sur les Grands Prix, Jean Todt, Luca di Montezemolo, le patron de la FIAT, ex-dirigeant de la structure F1 de Ferrari. Ce garçon qui peut encore dominer une course de la tête et des épaules, ce garçon qui célèbre sa quatre-vingt-dixième victoire de la même manière que la première, ce garçon au contrôle extrême - coup de volant, remontée au Championnat, gestion de carrière, rien ne lui échappe - oui, ce garçon-là va quitter le giron de la F1 dans un mois et demi. Ceux qui se sont lassés de sa domination, ceux qui lui reprochent son manque de charisme, à l'instar de Flavio Briatore, ceux qui n'aiment pas son pilotage parce qu'il a déclaré un jour qu'il n'est «pas un accro de la vitesse», qu'en fait il se «passionne pour la recherche d'adhérence», tout ceux-la se réjouiront de son départ en s'inclinant devant un palmarès considérable, inégalé, peut-être imbattable.
Les autres se demanderont : mais pourquoi donc arrêter ? Même à 37 ans. A voir sa course et sa fraicheur physique à l'arrivée, on peut se dire que la dizaine de titres de champion du monde n'était pas forcément une utopie. Un défi peut-être plus dur à dire qu'à faire au final. Pour résumer le Grand Prix qui a eu lieu ce dimanche, pas besoin d'aller chercher trop loin : parti en deuxième position derrière Kimi Räikkönen, Michael Schumacher espérait «passer en tête lors du premier ravitaillement». C'est ce qu'il a dit après et c'est ce qui s'est passé. Calé dans le train du Finlandais, «Schumi» s'est arrêté deux tours après lui. Il avait une seconde de retard avant, une seconde d'avance après. Jamais la McLaren-Mercedes n'a pu inquiéter la Ferrari par la suite. Cerise sur le gateau pour lui, Fernando Alonso a abandonné à dix tours de l'arrivée alors qu'il était était remonté de la dixième à la troisième place après avoir été ralenti à plusieurs reprises. Avec deux points d'écart à trois courses de la fin, le meilleur de la carrière de l'Allemand est peut-être à venir, pour la fin.