Jour de superclásico en Argentine
Á 16h10 aujourd'hui, les deux meilleurs ennemis du football argentin vont ouvrir une nouvelle page de la riche histoire des superclásico. Oú lorsque les « bosteros » (bouseux) de Boca Juniors affrontent les « millonarios » (millionaires) de River Plate. Une fois de plus, les « papelitos » (petits papiers) vont flotter dans le ciel avant de recouvrir la verte pelouse du stade Monumental lorsque les 22 acteurs vont faire leur entrée en scène. Signe que la passion est toujours aussi intacte et que le superclasico est un derby à part dans la planète football. «Á la différence d'un Real-Atletico, d'un Milan-Inter ou d'un Arsenal-Totenham, le superclásico n'est pas l'affaire d'une ville. Car il est suivi aux quatre coins du pays. Et ce même si il oppose deux clubs de Buenos Aires. Les jours de match, l'Argentine se paralyse et ne vit donc que pour ce match», analyse Nestor Fabbri, l'ex défenseur de Nantes qui a également évolué à Boca Juniors (1992-1996).
Les jours de match comme aujourd'hui donc, les rues se vident et les petits cafés se remplissent. Les yeux rivés vers un écran de télévision ou les oreilles collées sur un petit transistor, tous les moyens sont bons pour suivre le superclásico. Et cela fait maintenant 93 ans que ça dure. Le premier superclasico de l'histoire a un effet eu lieu le 24 août 1913 (victoire de Boca Juniors, 2-1). Á cette époque les deux clubs cohabitaient dans le même quartier portuaire de la Boca, à Buenos Aires. «Et c'est bien connu les plus grandes rivalités ont toujours opposés les clubs issus d'un même quartier. Même si la question de la suprématie est importante partout, elle l' est encore plus en Argentine, car c'est un pays d' immigrés. Et bien souvent, le club de quartier a aidé ses habitants à se forger une identité», note Julio Frydenberg, historien argentin du football.
Dans l'inconscient collectif donc, Boca Juniors représente les pauvres immigrés italiens (pour la plupart venus de Gênes) et River Plate la classe dominante. Cette rivalité a toujours donné lieu à des matchs à part. Comme celui du 20 septembre 1931, connu pour être le premier superclásico de l'ère professionel, et certainement le plus chaud. Tout simplement parce qu'il ne s'est pas terminé. L'arbitre avait en effet été obligé de suspendre le match pour le climat délétaire qui régnait sur le terrain (trois joueurs River Plate expulsés avaient refusé de quitter la pelouse). Ces matchs si particuliers sont également l'occasion pour les supporters des deux équipes de découvrir leurs idoles. L'histoire d'amour entre Diego Maradona et Boca Juniors est par exemple née un jour de septembre 1981. Bans la boue du stade de la Bombonera « el pibe de oro » avait en effet inscrit un but légendaire après être partiquement entré dans le but adverse avec le ballon.
Devenir idole un jour de superclásico, c'est bien ce qu'espère Gonzalo Higuain. Ce jeune avant centre de River Plate (18 ans) est en effet le premier joueur français de l'histoire a participé à un superclásico. Aujourd'hui, il va même le vivre, pour la première fois, dans la peau d'un titulaire indiscutable. Grâce à un début de saison riche en buts (4 en huit matchs), il est même devenu en quelques mois le grand espoir de River Plate. Son histoire ressemble à s'y méprendre à celle de David Trézéguet. Il possède un passeport français puisqu'il est né à Brest à l'époque oú son père, Jorge, un rugueux défenseur central, évoluait dans le club local avec les Le Guen, Guérin et autres Patrick Colleter. 18 ans plus tard donc, Gonzalo, surnommé « Pipita », va tout faire pour que River Plate remporte le match le plus important de l'année. - ALEXANDRE JUILLARD (à Buenos Aires)
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